Réflexion sur le rôle et le statut de la philosophie au regard de l'actualité.
6 Octobre 2015
Nouvellement née de cette volonté de reconstruction du monde, l’UNESCO a été chargée en 1951 d’une enquête pour déterminer le rôle des différentes disciplines enseignées à l'école en vue d'éviter que de tels actes de barbarie ne se reproduisent.
Au terme de son étude, l’UNESCO a déclaré que « le développement des idées philosophiques a eu dans l'histoire et a encore aujourd'hui une grande importance pour l'institution de la démocratie, pour le renforcement des droits de l'homme et pour la sauvegarde de la paix », et qu’il convient donc de diffuser les idées philosophiques à travers le monde dans la même optique de reconstruction.
Mais cet idéal est demeuré si éloigné de la réalité, qu'en 1993, ce même organisme constate que « l’enseignement de la philosophie est le premier touché par la crise de la raison. Il est assuré, en effet, qu’il faut enseigner les mathématiques, la grammaire, une langue ou une autre, donner une éducation physique. Il n’est, par contre, pas évident qu’il faille enseigner la philosophie. » Ce constat est renforcé par le fait qu'il ne soit obligatoire d'étudier la philosophie au lycée qu'en France, et partiellement en Italie, en Espagne, et au Portugal.
Mais ce n’est pas pour autant que la conclusion de l’UNESCO de 1951 n’est plus valable, bien au contraire. Jamais le rôle pacificateur et unificateur de la philosophie n’a jamais été aussi pertinent qu’aujourd’hui, dans un contexte de montée en puissance du racisme, du communautarisme, des extrémismes, des terrorismes et de la violence raciale et ethnique.
Une manière efficace de lutter sur le long terme contre ces problèmes socio-politiques majeurs serait donc de réintroduire la philosophie dans l’éducation de tous les pays.
En effet, en apportant un recul vis-à-vis les particularismes culturels et en saisissant des vérités atemporelles, la philosophie aide à une prise de conscience de la visée commune qui rassemble les hommes à travers l'histoire et les régimes politiques différents.
En outre, c'est la seule discipline qui rencontre sur le sujet comme sujet, alors que les sciences naturelles et même humaines le rencontrent comme objet. La philosophie contribue donc à restaurer la dignité de l’Homme.
Finalement, dans un contexte de mondialisation et d’ouverture à l’autre, la philosophie permet de se rendre compte de l’unité de la famille humaine, là où les sciences sociales mettent l’accent sur les différences socio-cultruelles qui existent entre les hommes. Le philosophe est donc le seul qui puisse préparer un dialogue constructif entre les générations et entre les peuples.
Le monde nouveau que nous sommes en train de construire ne pourra être vraiment humain que s'il sait unir à la rationalisation et le relativisme apportés par les sciences aux valeurs universelles et humanistes portées par la philosophie.
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